POIGNEE DE MAIN, QUELLE EST SA SIGNIFICATION ?
CARACTERISTIQUES DE LA POIGNEE DE MAIN
La valeur symbolique de la poignée de main dépasse, de très loin, l’accomplissement de la prescription élémentaire du savoir-vivre des civilisations occidentales. La signification de la poignée de main, geste du contact par excellence, que l’on peut observer chez certaines des peuplades les plus éloignées de notre « culture », telle les peuplades de la Nouvelle-Guinée, s’est imposée au monde entier. Dépassant le cadre des manifestations officielles, on voit maintenant des businessmen japonais et chinois, qui représentent des peuples farouchement hostiles à tout attouchement public, tendre à leurs interlocuteurs européens de larges et accueillantes mains.
Chez les Européens, la main tendue pour la poignée de main est avancée latéralement, par contre chez les Papous, la main est tendue la paume au-dessus dans un geste qui ressemble à notre expression occidentale de la mendicité.
Un comportement analogue a été observé chez les chimpanzés. Le singe de rang inférieur tend la main vers son supérieur hiérarchique paume au-dessus, jusqu’à ce que l’autre y pose la sienne. Ce geste est probablement à l’origine de la poignée de main.
Les caractéristiques d’une poignée de main et l’interprétation que l’on peut en donner sont le plus souvent envisagées selon les critères de sensitivité et de sensibilité dont nous avons tendance à transposer l’appréciation dans le domaine intellectuel et moral.
LES DIFFERENTES MANIERES DE SERRER LA MAIN
Chez nous, la poignée de main est à peu près standardisée depuis mille ans. Elle possède de nombreuses nuances : elle peut être chaleureuse, amicale, condescendante, froide, fuyante, sèche…
Certaines estiment vous avoir serré la main qu’après vous avoir broyé les phalanges. D’autres conservent votre main comme si elles ne voulaient plus vous la rendre et s’en servent pour appuyer leur raisonnement avant de vous laisser tomber. Il y en a qui mettent votre main au chaud entre les leurs. Il y en a, au contraire, qui semblent vous glisser un pannequet tout tiède et mou dans la paume, ce qui est très désagréable.
D’autres ne donnent que trois doigts, deux doigts, ou même le bout d’un seul. N’importe : elles donnent quelque chose, vous devez le prendre !
· La poignée de main déférente, respectueuse : c’est la main que l’on baise ou que l’on serre à peine, en l’effleurant, tout en s’inclinant, ou en esquissant une génuflexion, une révérence plus ou moins prononcée, devant l’autorité religieuse, politique, ou seulement devant le privilège de l’âge comme le faisaient les enfants à une époque où les marques d’obéissance aux parents et aux gens agés étaient obligatoires…
· La poignée de main amicale : c’est la poignée de mains des copains qui se retrouvent. Accompagnée de grandes claques dans le dos, c’est plutôt un geste d’hommes. Elle dure d’autant plus longtemps que la coupure a été plus longue entre les deux amis réunis. Elle symbolise la fraternité, la force que l’on montre à l’autre, le renouvellement tacite d’un pacte amical qui a résisté au temps.
· La poignée de main franche : elle dénote un caractère ouvert, direct, le sens des responsabilités.
· La poignée de main molle : votre cliente est timide, ou bien elle manque de dynamisme. On ne sait pas bien à quoi s’en tenir, tout est possible. Restez sur la défensive.
· La poignée de main moite : votre cliente n’est pas très décontractée, elle s’efforce de maîtriser son émotion, son anxiété mais sa peau la trahit. Il se peut, si elle est réellement troublée, que son front luise également d’une humidité épidermique et que ses lèvres tremblent imperceptiblement.
· La poignée de main raide : avec le bout des doigts contractés, c’est la main de l’indifférence, voire du mépris, celle que l’on tend par contrainte, que l’on accorde à regret. Cette absence de spontanéité et de chaleur s’accompagne souvent d’un regard lointain, fuyant, et d’une attitude générale de retrait, de distance.
· La poignée de main étau : votre cliente qui vous emprisonne ainsi énergiquement la main, est probablement brutale, mais peut-être aussi une inquiète qui doute d’elle-même et se rassure ainsi sur sa propre personne en suspendant quelques instants votre jugement à son égard par la douleur que vous cause son étreinte.
· La poignée de main qui dit non : il y a plusieurs manières de dire non de la main, selon qu’on la donne ou qu’on la reçoit. Elle peut-être tendue, le coude rigoureusement collé au corps, l’avant-bras perpendiculaire contre le tronc en une attitude dont la raideur physique ne laisse rien ignorer du raidissement intellectuel. Elle peut trouver, en vis-à-vis, une main qui se prête au lieu de se donner, machinalement et très vite, comme pour en avoir plus vite terminé.
· La poignée de main qui se dérobe : c’est celle de votre cliente qui a du mal à sortir d’elle-même, qui cherche la relation avec le monde extérieur et n’y arrive pas, ou mal. Elle ne se soustrait pas agressivement à l’autre, mais, tout simplement, n’arrive pas à l’atteindre. A cette main-là, vous devez être attentive, car souvent, elle appelle, elle demande puis ne trouvant pas de réponse, elle risque de se refermer.
· La poignée de main qui console : vous la donnez à votre cliente qui souffre. C’est le geste classique des condoléances, de la main que vous pressez avec douceur et fermeté, symbolisant votre présence qui se voudrait efficacement consolatrice et qui cherche à réconforter par une présence charnelle, par la chaleur des doigts qui se serrent. Votre geste se prolonge parfois au bras, jusqu’à l’épaule, au cou, dont votre main consolatrice et apaisante s’efforce de détendre la crispation.
· La poignée de main qui félicite : la poignée de main jaillit, comme spontanément, expression de la joie partagée, de l’événement célébré, de la tâche achevée ensemble, etc. Elle communique la satisfaction, la fierté, transmet la reconnaissance, s’accompagne parfois d’une accolade.
LA POIGNEE DE MAIN ENGAGE LE CORPS
La poignée de main est difficilement isolable du reste du corps. Le regard qui l’accompagne peut être soit clairement dirigé vers votre vis-à-vis ou, au contraire, rétracté vers l’intérieur dans une attitude de protection. La position de la tête peut être droite, faisant face à l’autre, ou baissée de côté comme pour échapper à une situation désagréable.
La poignée de main engage aussi les jambes et les pieds qui prennent la direction de la personne qui va être saluée, ou au contraire restent sur place, manifestant ainsi l’enthousiasme ou l’envie de se dérober.
De même, le tronc peut se diriger en souplesse tout entier du côté de la personne vers laquelle se déploient votre bras, puis votre main, indiquant la satisfaction de la rencontre. Il peut aussi rester droit, raidi en une parade quasi militaire annonciatrice de tension, d’appréhension, et éventuellement de difficultés de communication.
LE RÔLE SOCIAL DE LA POIGNEE DE MAIN
Dans notre civilisation occidentale, la main est l’instrument du contact social, du lien. Le contact avec la main est le geste élémentaire de la politesse, de la relation avec l’autre. Quelque puisse être l’automatisme d’une poignée de main, geste qui peut sembler, à première vue, banalisé, ritualisé au point de perdre son sens, une seconde « lecture » s’impose, riche de sens et d’indications quant à celle qui la donne, mais aussi à celle qui la reçoit.
Durant une campagne électorale, le candidat serre chaleureusement des centaines de mains militantes, et ce avec d’autant plus de fougue, de sincérité qu’il veut faire ressentir presque physiquement l’intensité de son efficacité et de son dévouement… Mais une fois élu, il y a de fortes chances pour que, rencontrant ses électeurs d’hier, le même homme leur tende une main infiniment plus distraite, qui leur fera, sans qu’il soit besoin d’un mot, comprendre que tout ce qui est promis n’est pas forcément réalisable !
Le protocole public et privé de chaque pays est souvent différent : en Europe centrale, votre interlocuteur aura tendance à s’emparer de vos deux mains et à les conserver pendant qu’il parle, au besoin en les secouant, comme pour mieux retenir votre attention. Aux Etats-Unis, où la poignée de main fait partie des habitudes européennes d’importation et que certains considèrent comme le « nec plus ultra », on vous broiera alors les os pour mieux vous montrer l’amitié que l’on ressent pour vous.
De même, serrera-t-on avec ferveur une main gantée sans y voir la moindre intention offensante, alors qu’en Europe, tendre une main gantée est, sauf cérémonie officielle et présentation à la cour d’Angleterre, une marque indubitable d’indifférence, de condescendance, voire de provocation, ou même d’insulte. La poignée de main est un geste dont le rôle social est enserré dans toutes sortes de règles de bienséance et de savoir-vivre.
Exemples :
· De deux hommes qui se rencontrent, qui tend la main le premier ? Le plus âgé au plus jeune, le plus important au moins important. Si les rôles se renversent et que le cadet s’avance avantageusement et triomphant vers son aîné en âge et en « situation », on en conclura aisément, et probablement sans beaucoup se tromper, que le junior est « arriviste », cherche à se mettre en avant, a les dents d’autant plus longues qu’il a le geste plus rapide !
· Un jeune homme rencontre une femme âgée, il doit attendre qu’elle le salue et en aucun cas lui tendre la main avant qu’elle n’ait avancé la sienne.
· Un homme rencontre une jolie femme, qu’il trouve à son goût… le jeu est subtil, mais, en principe, l’homme ne devrait pas tendre la main en premier. S’il le fait, il prend ostensiblement les devants en préparant le terrain.
Alors, de vous ou de votre cliente, qui doit tendre la main la première ?
POIGNEE DE MAIN, QUELLE EST SA SIGNIFICATION ?